L'importance des rapports d'analystes

Les cours de Bourse n'évoluent pas seulement au gré des publications des résultats, des annonces d'acquisitions et des grands communiqués d'entreprise. Les nombreux rapports et avis d'analystes publiés chaque jour par les banques et les sociétés de Bourse sont tout aussi importants. Un bon investisseur ne suivra cependant pas aveuglément les recommandations des analystes, car il y a souvent anguille sous roche...

Analystes buyside et sellside

Les banques et autres gestionnaires de patrimoine établissent une distinction entre les avis des analystes buyside et ceux des analystes sellside. Les analystes buyside, littéralement "analystes côté achats", travaillent pour les fonds émis par leur employeur. Leurs opinions ne sont généralement pas rendues publiques. Les analystes sellside, "analystes côté ventes", publient, eux, leurs conclusions. Leurs rapports ont en effet pour objectif de générer autant d'ordres que possible chez les clients de leur employeur. Un analyste sellside va donc modifier plus rapidement sa recommandation, son objectif de cours ou son pronostic en matière de bénéfices, puisque toute modification de son jugement est susceptible de déclencher des ordres sur lesquels la banque empoche des commissions.

Recommandation et objectifs de cours

Un rapport d'analystes se conclut généralement par un rating, une notation ou recommandation pour l'action, et un objectif de cours. L'objectif de cours est le cours visé sur un horizon de 12 mois, sauf mention contraire. Les analystes utilisent différentes méthodes pour calculer la "valeur équitable" d'une action, comme la méthode des "cash-flows actualisés", le rapport cours/bénéfice, etc.

Ces derniers temps, les comparaisons avec les entreprises du même secteur refont surface. Cette méthode est dangereuse, parce qu'elle ne tient pas compte des possibles survalorisations de l'ensemble du secteur, comme cela a été le cas des actions internet à la fin des années 1990. De même, le calcul de la "somme des parties" retrouve une certaine popularité. Dans ce cas, les analystes additionnent la valeur de chaque composant de l'entreprise. Cette méthode recèle également des pièges, car il est impossible de diviser ainsi la plupart des entreprises. Cela peut cependant être un outil pour calculer le prix en cas de rachat.

Un examen rapide mettra en lumière des écarts entre recommandations et objectifs de cours. Ainsi, les analystes peuvent recommander d'"acheter", tout en fixant un objectif de cours inférieur de 10% au cours actuel. Les analystes hésitent parfois à modifier leur avis, ce qui les rend obsolètes au terme d'évolutions rapides en Bourse. C'est pourquoi il est toujours nécessaire de lire les nuances du rapport.

Notations absolues et relatives

Certaines banques travaillent avec des "absolute ratings" (notations absolues), qui ne tiennent aucunement compte du climat boursier et qui ne se basent que sur la valeur intrinsèque de l'action. D'autres utilisent des "relative ratings" (notations relatives), où une action est comparée à son secteur ou à un indice boursier. Ainsi, une action peut être dotée d'un avis "acheter" alors que l'analyste n'en attend pas grand-chose en raison des difficultés que connaît l'ensemble du secteur.

Murailles de Chine

Les banques et sociétés de Bourse érigent des "murailles de Chine" entre les départements des analystes et les divisions commerciales pour garantir l'indépendance des premiers. Les avis ne peuvent en effet pas être influencés par d'autres facteurs, comme le souhait d'empocher des ordres bancaires sur l'entreprise analysée. Les scandales qui ont été découverts aux États-Unis après l'éclatement de la bulle technologique en 2000 ont cependant démontré que ces murailles ne sont pas toujours aussi étanches. Aujourd'hui encore, certaines enquêtes ont révélé que les analystes donnaient généralement des avis plus favorables pour les entreprises qui sont clientes du département banque d'affaires.